samedi 5 février 2011

IPv4 sur le net, on va gratter les fonds de tiroir

Par Christophe Auffrey sur ZDNET.fr

C'est fait. Les derniers blocs d'adresses IPv4 disponibles ont été alloués par l'Iana (Internet Assigned Numbers Authority) aux cinq registres Internet régionaux (RIRs), qui distribuent ensuite les adresses sur leur zone géographique respective.

L'annonce de cette pénurie a été faite par l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), l'organisme international auquel est rattaché l'Iana. L'objectif de cette communication est de mobiliser les acteurs de l'Internet et une fois de plus d'insister sur la nécessité d'accélérer la migration vers IPv6 (le successeur d'IPv4, protocole finalisé depuis 1998).

L'Icann met en garde contre un marché noir d'adresses IPv4

« Il s'agit d'un des jours les plus importants de l'histoire d'Internet » a déclaré le 3 février lors d'une conférence le président de l'Icann, Rod Beckstrom. « La réserve de 4 milliards d'adresses Internet a été épuisée ce matin ? il n'y en a désormais plus de disponibles » a-t-il insisté.

Interrogé par ZDNet, Rod Beckstrom encourage les entreprises à optimiser leurs systèmes à la fois pour IPv4 et le protocole qui lui a succédé, IPv6. Mais l'Icann n'est pas en mesure d'évaluer la proportion d'entreprises prêtes pour IPv6.

Selon des estimations, le trafic IPv6 ne représente qu'un peu plus d'1% du trafic total. Selon l'Icann, cette part serait toutefois en progression.

L'Iana n'a plus de blocs d'adresses à distribuer. Il est néanmoins encore trop tôt pour parler de véritable pénurie puisque les RIRs, dont le Ripe NCC en Europe, peuvent encore allouer des adresses, dont celles distribuées le 3 février par l'Iana. Néanmoins, celles-ci non plus ne sont pas inépuisables.

Translation d'adresse et IP inutilisées permettent la transition

Le Ripe NCC confie ainsi à ZDNet que son stock d'adresses devrait être épuisé en septembre. Une échéance pas si lointaine. Et ensuite ? Les entreprises pourront encore, notamment, acquérir d'autres adresses non utilisées.

Ces adresses allouées, mais non exploitées, serait en nombre conséquent. Plusieurs grandes entreprises (HP, Apple, IBM, Xerox?), universités et administration américaines disposent ainsi de réservoirs importants d'adresses IPv4 inutilisées (au total des dizaines de millions).

A titre d'exemple, comme rappelé dans un billet de F-Secure, General Electric possède 16 millions d'adresses et HP pas moins de 32 millions. Peu probable pourtant que ces sociétés aient l'utilité d'un tel capital. Comme indiqué sur le site de l'Iana, ces blocs d'adresses ont été attribués généreusement au début des années 90.

Rod Beckstrom émet toutefois une mise en garde contre le marché noir et la tentation de certaines personnes de profiter de la situation pour générer des profits. Fournisseurs d'accès à Internet de confiance et RIRs doivent être privilégiés selon le président de l'Icann.

L'épuisement des adresses IPv4 ne signifient pas la fin du développement d'Internet et du nombre de nouveaux terminaux à même de se connecter. Les FAI et les entreprises font en effet déjà largement usage du NAT ou translation d'adresses, mais aussi, à une échelle plus étendue, au LSN (Large Scale NAT). Le tunneling est une autre réponse technique - parmi d'autres - à cette problématique d'adresses.

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