samedi 23 mars 2013

HADOPI cherche maintenant sa justification dans Youtube


Vu sur le Figaro.fr - par Benjamin Benoit

La Haute autorité a analysé la nature et l'audience des vidéos postées sur YouTube. Les plus regardées ne sont pas forcément celles qui sont présentes en plus grand nombre.

Quel genre de vidéos trouve-t-on en plus grand nombre sur YouTube? Dans une étude publiée jeudi, la Hadopi cherche à mieux comprendre le contenu mis en ligne sur le premier site de partage de vidéos. Pour cela, la Haute autorité a sélectionné au hasard plus de 3300 vidéos, analysé sa catégorie (musique, films, série ou média) et observé l'évolution de son nombre de vues.

Premier constat, les vidéos les plus présentes du panel sont toujours les créations d'amateurs (22,60%), qui ont fait le succès de YouTube à ses débuts. Viennent ensuite les extraits issus de la télévision ou la radio (22,18%), les clips musicaux (13%) puis les publicités (12,82%).

En termes de vues, le classement est clairement différent. Les clips musicaux bondissent en première position avec 40.000 vues par jour en moyenne. À titre de comparaison, les créations d'amateurs peinent à atteindre le quart. Les vidéos de type livres audios, cours, conférences, extraits de séries et spectacles ne génèrent presque pas de consultations.

Voici les observations de l'Hadopi sur quatre catégories:

• Les clips musicaux (13% du panel). Dans cette catégorie, qui génère le plus de vues, les clips officiels ne sont pas les plus nombreux (24%). On trouve avant tout des vidéos créées par les internautes, en associant le morceau original à d'autres images (29%). Cet écart est encore plus net dans les lives. Les performances officielles représentent 1% de ces 432 vidéos, tandis que les enregistrements réalisés par le public montent à 21%! On trouve aussi 14% de vidéos originales postées sur des comptes non officiels.

Les clips originaux sont en revanche, de très loin, les plus vus: 12.000 par jour en moyenne, devant les versions «altérées», six fois moins consultées. L'étude précise que plus du tiers des vidéos redirigent vers une plate-forme pour acheter le titre en question.

• Les films(2,75% du panel). Ils représentent, à l'inverse, une infime parcelle du panel. L'étude distingue les films classiques, en plus grand nombre, des œuvres d'animation. Parmi les films complets postés, 15% seulement sont animés. En terme de vues, c'est l'inverse: 5500 vues pour les animés contre 2000 pour les films classiques. Ce qui marche avant tout, ce sont les extraits de films reliés entre eux, qui caracolent à 12.000 vues par jour. Ils permettent de regarder l'intégralité du film par petits bouts.

• Les séries (5% du panel). Cette catégorie compte un ratio de deux épisodes de série animée pour un épisode classique, selon les observations de l'Hadopi. Les animes japonais ou les épisodes de dessins animés sont légion sur YouTube. Ces contenus dominent aussi en nombre de vues, à la fois sous forme de morceaux choisis ou de parties reliées entre elles. Les épisodes complets d'animes totalisent ainsi près de 8000 vues par jour.

• Les médias (22,18% du panel). Les contenus des médias sont très nombreux, mais génèrent peu de vues. Ça n'empêche pas cette catégorie d'être la plus équilibrée: sport, divertissement et informations cohabitent presque équitablement. Les vues sont assez homogènes, seules les vidéos liées à l'information sont en retrait, presque deux fois moins vues que les divertissements et documentaires.

Les 3323 vidéos ont été choisies sans contrainte de langue ou d'origine, mais excluent par définition les vidéos privées. Le responsable de la recherche, docteur de l'école Telecom Paritech, met en garde sur un biais de la collecte de son échantillon, qui se fonde sur les vidéos suggérées par YouTube.

La Hadopi a mené cette étude dans le cadre de sa «mission légale d'observation des utilisations licites et illicites». Elle n'a pas analysé la catégorie des créations «amateurs», qui sont en plus grand nombre sur YouTube, mais ne posent généralement pas de problème de droits d'auteur. L'étude s'est concentrée sur YouTube car il s'agit de la première plateforme de vidéo dans le monde et en France, avec près de 30 millions de visiteurs uniques en janvier 2013.

Cette étude intervient alors que Pierre Lescure rendra le 15 avril son rapport sur «l'acte II de l'exception culturelle», qui dessinera le futur et la lutte contre le piratage en ligne et devrait comprendre des mesures pour lutter contre le streaming illégal.

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