mercredi 13 février 2013

La cybersurveillance se met au datamining


Vu sur Le Monde.fr : Une société de défense crée un outil de traque sur les réseaux sociaux


L'analyse des réseaux sociaux n'intéresse pas que les experts en marketing. Dimanche 10 février, The Guardian a présenté un outil destiné aux gouvernements, capable de traquer les mouvements de personnes et de prédire leurs futures actions. Dans une vidéo datée de 2010 obtenue par le journal, un expert de la firme américaine Raytheon – la cinquième plus importante société de défense dans le monde – fait la démonstration de l'outil Rapid Information Overlay Technology (RIOT, soit "émeute").
Destiné à la défense américaine, RIOT permet l'analyse de données (data mining) provenant des principaux réseaux sociaux, de Facebook à Twitter en passant par le réseau fondé sur la localisation Foursquare. Les usages possibles montrés par la société sont "l'interception" de personnes ou d'effets personnels, comme un ordinateur professionnel.

EXTRAIRE LES DONNÉES DE PHOTOS

En analysant les données laissées sur les réseaux sociaux, il serait ainsi possible de connaître "en quelques clics" les lieux habituels d'une personne, ses connaissances et de prédire ses futures actions. L'outil peut notamment extraire la localisation d'une photographie envoyée d'un smartphone, à partir des données EXIF (Exchangeable Image File Format) attachées au fichier.

L'application est également capable d'afficher les relations de la cible dans un diagramme à partir de ses discussions sur Twitter. L'analyse du réseau social Foursquare, utilisé par 25 millions de personnes, permet elle de créer un "top 10" des lieux les plus visités.

L'entreprise, qui déclare ne pas encore avoir vendu sa solution, explique que la technologie a été partagée en 2010 avec le gouvernement américain et "l'industrie" dans un effort de recherche et développement. L'initiative visait à créer un système de sécurité national capable d'analyser des "milliers de milliards d'identités en ligne", rapporte le quotidien britannique. Avec cet outil, la société déclare vouloir répondre aux nouveaux besoins des Etats-Unis en termes de sécurité nationale, même si RIOT a bien été autorisé à l'export sans grandes restrictions.

The Guardian rappelle au passage que l'analyse de données publiques sur Internet par les autorités est légal dans la plupart des pays, notamment aux Etats-Unis. Cela n'empêche pas la création de Raytheon d'inquiéter. Pour l'Electronic Privacy Information Centre, cet outil pose des questions sur la quantité de données disponibles sur une personne en ligne et surtout sur les possibilités de collecte sans régulation de ces données aux Etats-Unis.

Comme le souligne The Register, les outils d'analyse du comportement des internautes sont monnaie courante dans le monde du marketing, notamment de la part de géants comme SAS ou IBM. La différence est qu'il s'agit de données souvent anonymisées et agrégées. Le site spécialisé estime que l'attention portée à l'outil de Raytheon est disproportionnée face à la puissance d'outils "marketing" ou des bases de données de Google ou de Facebook, qui pourraient également permettre de créer des profils individuels détaillés.

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