mardi 22 mars 2011

Cloud computing ou le paradoxe du datacenter à la française ...

Encore ce matin j'entendais à la radio que le Cloud Computing serait partout dans les prochaines années générant même un chiffre mondial de près de 45 millards de $ en 2013., une belle manne ... A l'heure ou j'écris ces quelques lignes, j'utilise probablement le meilleur du cloud computing hébergé quelque part à Mountain View, en Irlande, en Angeleterre, en Chine voir que sais-je et puis de toute façon vu les temps de réponse, est-ce bien important ?

En France ce qui me surprend, ce n'est pas tant de voir des datacenters fleurir à leur tour comme des champignons mais de constater qu'ils s'entassent tous à proximité de Paris et là, je m'interroge. : quand bien même on s'équipe de matériel ultra green hyper performants avec des réseaux convergents et tout et tout, qu'est-ce qui coûte le plus cher ? Le terrain ? Sûrement à cause du m² hors de prix en ile de France. La construction ? C'est de l'investissement. Le pilotage ? Non, c'est optimisé ! Je pense à l'électricité: 1 watt électrique consommé pour vos CPUs, c'est un watt à ajouter pour le refroidissement. Alors expliquez-moi pourquoi ne pas bâtir dans les régions naturellement les plus froides de France ?

J'ai un exemple en tête à 2h à l'est de Paris donc conforme SoX (plus de 43 Km et bientôt 300Km entre salle de prod et backup) : la côte des Bars (Bar-sur-Aube, Bar-sur-Seine ...) et le plateau de Langres. Là, vous pouvez compter sur du -15 -20°C l'hiver avec un soleil qui se couche à 16h30 derrière les collines l'été. Vous pouvez du coup tabler sur une économie autour de 85% pour les clims un coût du m² dérisoire et même une autoroute fibrée, l'A5, qui passe à proximité. Et bien vous savez quel est le soucis ? Les fibres ne sont pas éclairées ! Personne n'a pensé à monter les réseaux Métro (x)WDM qui vont bien ! Chapeau bas pour l'aménagement du territoire et le désenclavement économique. J'ose espérer que nos chers derniers conseillers généraux élus vont prendre ce problème à bras le corps pour rendre nos friches industrielles et nos déserts rapidement attractifs parce qu'il parait qu'en 2013 on manquera de datacenter en France.

2 commentaires:

Stephane a dit…

Bonjour Olivier,
Je suis Stéphane Duproz, DG de TelecityGroup, leader européen des opérateurs de datacenters.
En réponse à vos interrogations, il peut être utile de faire un petit distinguo entre datacenter privé (appartient et sert à une seule entreprise) et commercial (appartient à une entreprise qui le commercialise à des dizaines de clients). Dans le premier cas, franchement oui, je penserais à aller en province, pour les raisons que vous évoquez. Dans le second cas (c'est le nôtre), nous nous trouvons dans un environnement concurrentiel où nous cherchons à attirer les clients chez nous plutôt qu'ailleurs en présentant les meilleures caractéristiques possibles. Parmi celles-ci il y a l'excellence technique du site et celle des équipes qui l'opèrent, bien sûr. Mais il y a aussi la proximité géographique (beaucoup de nos Clients tiennent à rester proches de leurs infras) et le plus grand nombre possible d'opérateurs de télécommunications multinationaux, de manière à disposer a minima de redondances dans ce domaine mais aussi de pouvoir adresser dans les meilleures conditions leurs utilisateurs finaux dans le monde.
A cet égard, c'est le nord de Paris qui dispose des meilleurs atouts, avec une densité exceptionnelle d’autoroutes, voies ferrées et canaux, tous porteurs de fibre. C’est d’ailleurs là que sont concentrés une grosse partie des datacenters parisiens.
Bien cordialement
Stéphane

dunestudio45 - DS45 a dit…

Bonjour Stéphane,

Merci pour votre commentaire pertinent pour lancer ce débat.

Autant je peux comprendre la problématique dans le cadre d'une externalisation des salles de production pour cause de saturation électrique/climatisation/espace au sol,et là n'être pas très loin de ses machines (je suis le premier concerné) à un sens ; autant pour le site de backup voir de PRAi/PCA je suis beaucoup plus réservé.

Effectivement c'est le territoire de St Denis qui tient la corde bien que j'ai eu l'occasion de d'en voir quelques uns à l'est vers Eurodisney. Ne risque-t-on pas une saturation à terme ?