Vu sur la REP.com par Grégory Legrand- Publié le 13 mai 2010 - 00:32
Le « tram-boulot-dodo » des usagers de la SETAO
Chacun ses habitudes dans le tram. Le plus souvent on lit ou on écoute de la musique.Étudiants, actifs, retraités ou chômeurs, ils ne peuvent s'en passer. Tous les jours, près de 100.000 personnes fréquentent le réseau de transports en commun de l'AgglO. Mais qui sont-ils réellement ?
Il est 7 heures. Orléans s'éveille. Les derniers fêtards vont se coucher et les éboueurs ont terminé leur boulot.
C'est juste l'heure où l'usager commence sa journée. À l'arrêt de bus ou à la station de tram, les visages fleurent bon le réveil en fanfare et les réveils difficiles. Qu'importe. Pour tous, il s'agit de se rendre d'un point A à un point B, si possible dans les temps et dans la quiétude de se laisser transporter.
Rue du Nécotin, dans le quartier de l'Argonne, Fatou et Karima montent dans le bus, ligne 3, direction Benjam', « notre bahut ». Le Eastpak dans le dos, le portable dans une main et un bouquin dans l'autre, elles révisent, au taquet, leur texte de français. Le bus, c'est leur moyen de transport. Pas assez âgées pour passer le permis et manquant de moyen pour se payer le dernier scooter à la mode, elles ont pris leurs petites habitudes. « On essaie toujours de s'asseoir à la même place, on bosse un peu, mais surtout on papote. »
À peine dix minutes se sont écoulées que le bus est déjà quasiment bondé. Le stress des travailleurs commence à se faire ressentir tandis que les lycéens mettent l'ambiance. Un peu trop selon Gervaise, la cinquantaine, agacée par la musique à tue-tête. « Ils connaissent pas les casques. S'ils passaient du Mozart encore. Mais entre le rap et Fun Radio, on est servi ! » Patrick ronchonne, mais pas pour ça. Les yeux scrutés sur sa montre à quartz, il peste contre les retards récurrents « à cause des travaux du tram ».
Et il n'est pas le seul dans ce cas-là. Malgré les réels efforts entrepris par la SETAO pour contrecarrer les contraintes d'un tel chantier, les trajets se sont considérablement rallongés.
Arrivé à la gare d'Orléans, un saut dans le tram permet d'appréhender une autre catégorie d'usagers.
Les vrais urbains, fatigués de prendre leur voiture ou trop paresseux pour sortir leur vélo, sont rapidement reconnaissables. Pressés, costards cravates pour les hommes, le maquillage rutilant pour les femmes, les écouteurs dans les oreilles, ils « trament » quotidiennement, pour cinq à six stations en moyenne, et ne semblent pas s'en lasser. Croix-Saint-Marceau, Jean-Pierre monte dans la rame, direction centre-ville. Ce quadra s'est abonné il y a trois ans et ne regrette pas son investissement. « Avant, j'avais l'habitude de prendre ma voiture. Mais, au bout de deux ans, j'ai déchanté. Entre les bouchons, l'essence et l'entretien du véhicule, je me suis rendu compte que c'était un gouffre. Alors je me suis dit, “pourquoi ne pas prendre le tram ?” Quand nous étions à Paris, toute la famille prenait le métro. Eh bien maintenant, nous prenons le tram ! »
À l'autre bout de la rame, casquette vissée sur la tête, le regard dans le vide, Gaëtan « attend que ça se passe ». Lycéen à Pothier, il a également opté pour le tram, influencé, il est vrai, par ses parents. « Depuis tout petit, j'utilisais mon vélo. Mais, mes parents ont peur maintenant puisque j'ai quand même trois kilomètres à faire. C'est vrai qu'au début je n'étais pas très chaud pour le tram ou le bus. Y'a des horaires et moi j'aime pas les contraintes. Pourtant, maintenant, j'ai un peu changé d'avis, surtout quand il pleut. Et à Orléans, il pleut souvent. » Sur le campus de La Source, le tram fait partie du paysage. On ne le voit même plus, tellement son usage est inscrit dans les us et coutumes des étudiants. « On dit souvent qu'on met deux plombes pour rejoindre le centre-ville. C'est vrai qu'une demi-heure c'est un peu long, mais c'est mieux que rien », réagit Muriel après l'invective de Samuel, un de ses camarades de promo.
Karim, Lætitia et Marine vont dans le même sens de la marche. « Avant, on comprend que les étudiants de La Source se sentaient un peu au bout du monde. En bus, ça devait être trop la galère. Maintenant, tu montes dans le tram et basta ! » En soirée, alors que les derniers bus ont fait le plein d'usagers avant de rentrer au dépôt à Saint-Jean-de-Braye, le tram continue de circuler. Tandis que les Sourciens rentrent chez eux après un petit tour en ville, les « navettaires », c'est-à-dire ceux effectuant tous les jours le trajet entre Orléans et Paris terminent leur périple quotidien. « Plus que trois stations, 50 mètres à pied, et je rentre chez moi », conclut Jean-Michel qui, malgré les derniers incidents et les violences se dit « parfaitement en sécurité ». À l'instar de la plupart des usagers rencontrés durant ce reportage. Pas des personnels roulants, souvent, eux, sur le qui-vive.
Repères
Fréquentation
Environ 100.000 personnes fréquentent tous les jours le réseau de la SETAO (30 lignes de bus et une ligne de tram). Un chiffre en constante augmentation depuis dix ans.
La SETAO en chiffres
Le réseau de transports urbains de l'agglomération orléanaise dessert les 22 communes de l'AgglO. Le parc de matériel roulant est de 220 bus et de 22 rames de tram. Au total, 25.000 personnes sont abonnées (soit à l'année, soit au mois). La ligne de tram, d'une longueur de 18 kilomètres, comporte 24 stations entre Fleury-les-Aubrais, au nord, et La Source au sud. Le tram circule de 5 h 30 à 0 h 30.
.... j'ajouterai que l'entreprise fonctionne 24/24h 364 jours sur 365, le seul jour non travaillé étant le 1er mai :)
Le « tram-boulot-dodo » des usagers de la SETAO
Chacun ses habitudes dans le tram. Le plus souvent on lit ou on écoute de la musique.Étudiants, actifs, retraités ou chômeurs, ils ne peuvent s'en passer. Tous les jours, près de 100.000 personnes fréquentent le réseau de transports en commun de l'AgglO. Mais qui sont-ils réellement ?
Il est 7 heures. Orléans s'éveille. Les derniers fêtards vont se coucher et les éboueurs ont terminé leur boulot.
C'est juste l'heure où l'usager commence sa journée. À l'arrêt de bus ou à la station de tram, les visages fleurent bon le réveil en fanfare et les réveils difficiles. Qu'importe. Pour tous, il s'agit de se rendre d'un point A à un point B, si possible dans les temps et dans la quiétude de se laisser transporter.
Rue du Nécotin, dans le quartier de l'Argonne, Fatou et Karima montent dans le bus, ligne 3, direction Benjam', « notre bahut ». Le Eastpak dans le dos, le portable dans une main et un bouquin dans l'autre, elles révisent, au taquet, leur texte de français. Le bus, c'est leur moyen de transport. Pas assez âgées pour passer le permis et manquant de moyen pour se payer le dernier scooter à la mode, elles ont pris leurs petites habitudes. « On essaie toujours de s'asseoir à la même place, on bosse un peu, mais surtout on papote. »
À peine dix minutes se sont écoulées que le bus est déjà quasiment bondé. Le stress des travailleurs commence à se faire ressentir tandis que les lycéens mettent l'ambiance. Un peu trop selon Gervaise, la cinquantaine, agacée par la musique à tue-tête. « Ils connaissent pas les casques. S'ils passaient du Mozart encore. Mais entre le rap et Fun Radio, on est servi ! » Patrick ronchonne, mais pas pour ça. Les yeux scrutés sur sa montre à quartz, il peste contre les retards récurrents « à cause des travaux du tram ».
Et il n'est pas le seul dans ce cas-là. Malgré les réels efforts entrepris par la SETAO pour contrecarrer les contraintes d'un tel chantier, les trajets se sont considérablement rallongés.
Arrivé à la gare d'Orléans, un saut dans le tram permet d'appréhender une autre catégorie d'usagers.
Les vrais urbains, fatigués de prendre leur voiture ou trop paresseux pour sortir leur vélo, sont rapidement reconnaissables. Pressés, costards cravates pour les hommes, le maquillage rutilant pour les femmes, les écouteurs dans les oreilles, ils « trament » quotidiennement, pour cinq à six stations en moyenne, et ne semblent pas s'en lasser. Croix-Saint-Marceau, Jean-Pierre monte dans la rame, direction centre-ville. Ce quadra s'est abonné il y a trois ans et ne regrette pas son investissement. « Avant, j'avais l'habitude de prendre ma voiture. Mais, au bout de deux ans, j'ai déchanté. Entre les bouchons, l'essence et l'entretien du véhicule, je me suis rendu compte que c'était un gouffre. Alors je me suis dit, “pourquoi ne pas prendre le tram ?” Quand nous étions à Paris, toute la famille prenait le métro. Eh bien maintenant, nous prenons le tram ! »
À l'autre bout de la rame, casquette vissée sur la tête, le regard dans le vide, Gaëtan « attend que ça se passe ». Lycéen à Pothier, il a également opté pour le tram, influencé, il est vrai, par ses parents. « Depuis tout petit, j'utilisais mon vélo. Mais, mes parents ont peur maintenant puisque j'ai quand même trois kilomètres à faire. C'est vrai qu'au début je n'étais pas très chaud pour le tram ou le bus. Y'a des horaires et moi j'aime pas les contraintes. Pourtant, maintenant, j'ai un peu changé d'avis, surtout quand il pleut. Et à Orléans, il pleut souvent. » Sur le campus de La Source, le tram fait partie du paysage. On ne le voit même plus, tellement son usage est inscrit dans les us et coutumes des étudiants. « On dit souvent qu'on met deux plombes pour rejoindre le centre-ville. C'est vrai qu'une demi-heure c'est un peu long, mais c'est mieux que rien », réagit Muriel après l'invective de Samuel, un de ses camarades de promo.
Karim, Lætitia et Marine vont dans le même sens de la marche. « Avant, on comprend que les étudiants de La Source se sentaient un peu au bout du monde. En bus, ça devait être trop la galère. Maintenant, tu montes dans le tram et basta ! » En soirée, alors que les derniers bus ont fait le plein d'usagers avant de rentrer au dépôt à Saint-Jean-de-Braye, le tram continue de circuler. Tandis que les Sourciens rentrent chez eux après un petit tour en ville, les « navettaires », c'est-à-dire ceux effectuant tous les jours le trajet entre Orléans et Paris terminent leur périple quotidien. « Plus que trois stations, 50 mètres à pied, et je rentre chez moi », conclut Jean-Michel qui, malgré les derniers incidents et les violences se dit « parfaitement en sécurité ». À l'instar de la plupart des usagers rencontrés durant ce reportage. Pas des personnels roulants, souvent, eux, sur le qui-vive.
Repères
Fréquentation
Environ 100.000 personnes fréquentent tous les jours le réseau de la SETAO (30 lignes de bus et une ligne de tram). Un chiffre en constante augmentation depuis dix ans.
La SETAO en chiffres
Le réseau de transports urbains de l'agglomération orléanaise dessert les 22 communes de l'AgglO. Le parc de matériel roulant est de 220 bus et de 22 rames de tram. Au total, 25.000 personnes sont abonnées (soit à l'année, soit au mois). La ligne de tram, d'une longueur de 18 kilomètres, comporte 24 stations entre Fleury-les-Aubrais, au nord, et La Source au sud. Le tram circule de 5 h 30 à 0 h 30.
.... j'ajouterai que l'entreprise fonctionne 24/24h 364 jours sur 365, le seul jour non travaillé étant le 1er mai :)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire